Le 29 janvier 2023, Novak Djokovic soulevait son dixième titre de l’Open d’Australie à Melbourne. Tout au long de la quinzaine, cette victoire semblait lui être destinée. Le seul obstacle qui se dressait entre lui et un 22ème trophée du Grand Chelem était sa propre jambe. A l’issue du tournoi, Craig Tiley, le directeur de l’Open d’Australie, a déclaré que Novak Djokovic avait une déchirure de 3cm à l’ischio-jambier gauche. Malgré ce revers physique, il a montré une maitrise absolue pendant la quasi-totalité de ses matchs.
Novak Djokovic, invincible
Invaincu depuis 2018 en Australie, Novak Djokovic est arrivé à Melbourne comme le grand favori. Néanmoins, personne ne pouvait anticiper une telle domination. Lors de certaines rencontres, la différence de niveau de jeu était flagrante. Il était inconcevable que le Serbe perde le match. Sa place de numéro un mondial illustre cet écart.
Cette supériorité est saillante contre les joueurs qui évoluent dans les mêmes filières de jeu. Lors des huitièmes de finale, Novak Djokovic affronte Alex De Minaur. Ce dernier se complaît dans les longs échanges de fond de court. Ses principales qualités sont sa vitesse de déplacement et sa couverture de terrain. En revanche, il manque d’explosivité pour multiplier les coups gagnants. Ce style de jeu ressemble à celui de Novak Djokovic – avec moins d’impact. Le Serbe excelle dans les interminables duels de fond de court car il est capable de faire la différence avec une accélération de coup droit ou un revers décroisé. Ce match se conclut sur le score de 6/2 6/1 6/1. En moins de deux heures, Novak Djokovic démontre l’étendue de son talent.
Open d’Australie : Novak Djokovic surpasse Alex De Minaur
Une pression insurmontable
L’immense domination de Novak Djokovic ne laisse pas ses adversaires intacts. Nombre d’entre eux ont été battus de multiples fois avec une facilité déconcertante. Lorsque les défaites s’accumulent, la confiance n’est plus au rendez-vous. La crainte de perdre à nouveau les poussent à surjouer. Les deux qualités les plus évidentes de Novak Djokovic sont ses retours de service et sa couverture de terrain. Ses rivaux ont tendance à prendre trop de risques sur première balle ; et à rechercher des coups gagnants sur les lignes. Cette stratégie mène à davantage de fautes directes qu’à une victoire.
Lors des quarts de finale, Novak Djokovic joue contre Andrey Rublev. Ce dernier n’a connu qu’une seule victoire contre lui – lorsque le Serbe était en manque de matchs au début de la saison 2022 à Belgrade. Fragile mentalement, le Russe n’a pas su lutter contre Novak Djokovic. En manque de premières balles et d’efficacité derrière les secondes, il perd son service d’entrée. Alors que les jeux défilent, Andrey Rublev ne sait que faire pour arrêter l’hémorragie. Il multiplie les fautes directes ; oublie ses schémas de jeu. Sous tension, il ne trouve pas son niveau de jeu des matchs précédents. Dépité, il s’incline 1/6 2/6 4/6.
Open d’Australie : Andrey Rublev démuni face à Novak DJokovic
Un aspect mental déterminant
Rafael Nadal est le plus à même de battre Novak Djokovic. Outre le niveau de jeu faramineux qu’ont démontré les deux joueurs au fil des années ; la force mentale du ‘Taureau de Manacor’ constitue une des clés de la victoire. Peu importe son état physique, les conditions de jeu ou le score, Rafael Nadal n’abandonne pas. Son abnégation sans faille et sa concentration lui permettent de trouver des solutions. Demander aux autres joueurs du circuit d’avoir la qualité de jeu de ‘Rafa’ n’est pas réaliste. Néanmoins, faire abstraction du joueur de l’autre côté du filet est envisageable. Pour avoir une chance de battre Novak Djokovic, il faut se concentrer sur soi et se souvenir des schémas de jeu qui fonctionnent. Rafael Nadal bénéficie aussi d’un Head-to-Head équilibré : 29 victoires pour 30 défaites. Ces chiffres constituent un avantage non-négligeable.
Carlos Alcaraz est également dans cette situation. Il a remporté leur unique match en demi-finale du masters 1000 de Madrid. Même si cet avantage risque d’être de courte durée, il lui permettra de jouer avec confiance lors de leur prochaine rencontre. Si l’ancien numéro un mondial reste en pleine possession de ses moyens, il est assez talentueux pour battre Novak Djokovic. La conviction de pouvoir gagner est nécessaire pour avoir une chance ; l’avoir déjà fait est donc encourageant.
Le joueur parfait
En 2023, aucun athlète n’est capable de rivaliser avec le niveau que Novak Djokovic a démontré lors de l’Open d’Australie. Alors, imaginons le joueur parfait pour le battre. Le service de Sebastian Korda peut embêter le Serbe au retour. Le jeune américain surprend ses adversaires grâce à ses variations. Sa balle de match – non convertie – lors de la finale de l’Open d’Adélaïde en est la preuve. Lors des longs duels de fond de court, Daniil Medvedev est capable de tenir l’échange sans commettre de faute. Cette régularité constitue un atout majeur. En revanche, son manque d’agilité au filet est une faiblesse. Ainsi, la capacité à jouer vers l’avant de Carlos Alcaraz peut servir. Ses nombreuses amorties et service-volées forcent Novak Djokovic à rester sur le qui-vive. Le coup droit de Stefanos Tsitsipas représente une arme redoutable. La capacité de jouer un coup gagnant après quelques frappes est déterminante. Ces points faciles sont précieux dans un long match. Enfin, le revers d’Alexander Zverev complète la perfection ce joueur imaginaire. Frappé à hauteur d’épaule ou de hanche, il peut retourner n’importe quel service – contrairement aux revers à une main. Aussi, la capacité de Sascha Zverev de jouer à la fois croisé ou longue-ligne peut surprendre Novak Djokovic.
La participation de Novak Djokovic aux tournois américains reste compromise. Cet empêchement devrait le motiver à exceller partout ailleurs. S’il conserve un tel niveau de jeu, le battre relève presque de l’impossible.
Marnie Abbou