L’Italien rejoint le club très restreint des joueurs champions à Melbourne et à Miami la même année. A ses côtés ? Roger Federer, Novak Djokovic et Andre Agassi. Le tennis parfait joué par Jannik Sinner depuis le début de la saison ne peut que le placer au rang des plus grands.
L’ascension du champion de l’Open d’Australie n’a pas surpris le monde du tennis. Présent au sommet du classement depuis plusieurs années maintenant, son explosion n’était que question de temps. Cependant, peu avaient prévu qu’elle serait autant hégémonique. Comment expliquer un succès aussi retentissant ?
Il y a un peu moins d’un an, Jannik Sinner perdait au deuxième tour de Roland Garros (7/6 6/7 6/1 6/7 5/7) contre Daniel Altmaier. Malgré deux balles de match, la victoire lui a filée entre les doigts. Fébrile sur les points les plus importants, l’Italien n’a pas su dompter ses nerfs. Quelques mois plus tard, ce dénouement est dur à croire. En moins d’un an, Jannik Sinner s’est métamorphosé.
De l’audace
Rares sont les jeux aussi exigeants que celui proposé par le nouveau numéro deux mondial. Il demande une anticipation, une précision et un engagement de tous les instants. L’articulation de ses nombreuses qualités a nécessité quelques années. Roger Federer pourrait tirer la même conclusion de ses débuts sur le circuit ATP. Mettre en place un tel tennis demande de l’audace – que Jannik Sinner a enfin osé embrasser il y a quelques mois.
La réussite du vainqueur de la Davis Cup réside dans sa capacité à prendre la balle tôt sans compromettre le reste de son jeu. Son refus de reculer et sa volonté de prendre de court son adversaire complète son jeu au lieu de s’y soustraire. Malgré leur timing à la limite de la demi-volée, ses attaques ne manquent jamais de tranchant ou de profondeur. Leur objectif est unique : la ligne ou le passing. Peu importe la difficulté, plus rien ne semble l’effrayer.
La puissance qu’il déploie ne peut laisser qui que ce soit indifférent. Darren Cahill, tout comme Serena Williams, ne cesse d’être émerveillé par le son qui sort de la raquette de son protégé. Sa pureté illustre la beauté du geste qui l’a initié. Comme si tous ces atouts n’étaient pas suffisants, Jannik Sinner est aussi agile au filet. Auparavant utilisées en dernier recours, ses amorties et ses courses vers l’avant sont maintenant au cœur de son jeu. Atteindre des sommets d’imprévisibilité, tel est son souhait.
De la confiance
L’unique chose plus remarquable encore que son jeu est l’attitude du jeune italien. Dès qu’il pose un pied sur le court, il dégage une sérénité déconcertante. A un point de la victoire ou du break, rien ne semble l’ébranler. Il est sûr de son jeu. De ses forces. De son tennis.
Cette clairvoyance lui permet de dédier toute son énergie à la lecture du jeu. Rarement du mauvais côté, toujours bien placé et systématiquement prêt à se ruer au filet ; tromper Jannik Sinner est devenue mission presque impossible. Lire les intentions de son adversaire avant même qu’il les exécute lui donne un avantage redoutable. Le joueur d’en face sait que son geste doit être parfait pour avoir une chance de l’emporter.
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Déjà couronné trois fois en 2024, rien ni personne ne semble résister au champion de Miami. L’ocre est peut-être le seul adversaire capable de le faire flancher. Sans victoire repère sur cette surface si particulière, il devra redoubler d’assurance et de patience. Dompter la terre battue, est une tâche ardue.
Marnie Abbou