Le jeune italien bat Daniil Medvedev (3/6 3/6 6/4 6/4 6/3) en finale de l’Open d’Australie pour remporter le premier titre en Grand Chelem de sa carrière.
Jannik Sinner a été à la hauteur des attentes qui pèsent sur ses jeunes épaules depuis des années. Sa saison 2024 débute sur les mêmes bases que la fin de l’année précédente. En 2023, le quatrième joueur mondial a franchi des étapes clés : un premier titre en master 1000, une finale à l’ATP Finals, une Coupe Davis et deux victoires contre Novak Djokovic.
Ce mois de janvier a déjà surpassé ces précédents exploits. En trois jours, il a battu le meilleur joueur de l’histoire sur son court préféré et remporté l’un des titres les plus prestigieux de l’histoire du tennis.
Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance.
Daniil Medvedev, intouchable
Le joueur russe rentre parfaitement dans sa sixième finale en Grand Chelem. Dès les premiers points, son plan de jeu est transparent : prise de balle tôt, changements de direction répétés, agressivité sur chacune de ses frappes. Il l’exécute à la perfection. Porté par ses premières balles au-delà des 200 km/h, rien ne résiste à Daniil Medvedev. Il joue le meilleur tennis de sa vie. Habité par une détermination et une confiance inébranlables, le troisième joueur mondial s’empare même du filet.
Jannik Sinner est englouti par la pression de l’événement. Il est incapable de mettre en place son jeu. En panne totale de première balle, chaque point joué sur son service présente un danger. Sa profondeur de balle, ses trajectoires sortantes et son jeu de jambe précis ont laissé place à de la précipitation, un manque de construction et une absence de lucidité dans l’exécution de ses coups. Il enchaîne les amorties qui se retournent contre lui.
Jusqu’à 4/6 1/5, service de Daniil Medvedev à suivre.
Jannik Sinner, inébranlable
Après un bref échange avec Simone Vagnozzi, son coach de toujours, le joueur italien est métamorphosé. Il parvient à récupérer un de ses break de retard grâce à un tennis agressif dès le retour. Il enchaine avec son jeu de service le plus convaincant du match. Cette réaction tardive n’est pas suffisante pour se relancer dans la seconde manche. En revanche, elle laisse espérer un changement de dynamique pour la suite.
Le troisième set marque le début d’un nouveau combat. Jannik Sinner est méconnaissable. Il s’appuie sur son service pour imprimer de la puissance et de la profondeur à ses balles. Daniil Medvedev en profite pour démontrer ses qualités défensives hors du commun. Chaque attaque tentée par l’italien, est lue et renvoyée par son adversaire. Les échanges longs et éreintants se multiplient. L’autorité des serveurs est assise ; les ouvertures sont rares. Jannik Sinner profite d’une baisse de régime au service du finaliste de l’US Open et de quelques fautes directes pour s’emparer de la manche en quelques instants.
Daniil Medvedev voit progressivement son tennis lui échapper. Le joueur russe joue avec les mêmes intentions qu’en début de partie mais ses balles sont moins explosives. Chaque minute supplémentaire permet à Jannik Sinner de se rapprocher un peu plus de son niveau de jeu du reste de la quinzaine. Il retrouve l’une de ses meilleures armes : sa capacité de contre-attaque. Le troisième joueur mondial lutte jusqu’au bout de ses forces. Ses six heures de plus passées sur le court ces dernières semaines se font ressentir. A deux sets partout, la victoire de Jannik Sinner semble inévitable.
Elle l’était. Le jeune italien a eu les nerfs solides jusqu’au dernier instant. Alors qu’il vient de commettre deux grossières fautes, il se pousse vers l’avant pour décrocher une balle de match. Fidèle à lui-même, le vainqueur de la Coupe Davis, convertit sa première occasion d’un fulgurant coup droit longue ligne qui accroche un bout de ligne.
Jannik Sinner est champion à Melbourne. Un géant sourire aux lèvres, il serre son trophée dans ses bras. La plus belle victoire de sa carrière a des airs d’avènement – et non de dénouement.
Marnie Abbou
